L’art de recevoir durant le temps des fêtes se cultive depuis des décennies avec les décorations de Noël, les repas festifs et les traditions propres à cette période spéciale de l’année. L’exposition “Champagne, charlotte et crinoline – Un Noël victorien chez les Cartier” nous invite justement en ce moment à remonter le temps pour nous faire découvrir les préparatifs de Noël chez les bourgeois montréalais autour de 1867.

Un trésor caché du Vieux-Montréal

Le Vieux-Montréal ne cesse de me surprendre avec ses nombreux trésors cachés. La demeure familiale de Sir George-Étienne Cartier (1814-1873), l’un des pères de la Confédération canadienne, à la fois avocat et homme d’affaires, en est un. La visite de cette maison au charme désuet de la rue Notre-Dame m’a séduite avec son décor victorien et son exposition dédiée à Noël. C’est d’ailleurs la seule demeure de cette époque qui est ouverte au public dans la grande région de Montréal.

Une demeure victorienne décorée pour Noël

Alors qu’elle présente déjà le mode de vie des bourgeois montréalais du dix-neuvième siècle, tout en mettant à l’avant les changements politiques et sociaux majeurs auxquels Cartier a participé, cette demeure victorienne revêt ses habits des fêtes à ce temps-ci de l’année.

Accompagnée d’une guide en costume d’époque, j’ai découvert avec émerveillement les diverses pièces de cette maison agrémentée pour l’occasion d’accessoires chics et objets festifs. Ceux-ci non pas tous appartenu aux Cartier, comme c’est le cas du magnifique surtout de table exposé séparément. La plupart des objets et des meubles sont en effet des antiquités qui permettent de reconstituer l’ambiance particulière de cette demeure familiale.

À l’époque, le sapin de table était décoré de chandelles ; un seau d’eau à proximité toujours prêt à éteindre un éventuel feu ! Des cônes remplis de fruits à coques ornaient les branches, aux côtés d’oranges suspendues : des fruits alors très chers considérés comme des cadeaux luxueux. D’ailleurs ceux-ci, comme les poupées au bas du sapin, n’étaient pas emballés durant l’ère victorienne. Ils étaient simplement dévoilés autour du sapin le matin même de Noël, prêts à être offerts aux enfants trépignant d’impatience.

Autre fruit exotique très prisé à l’époque : l’ananas. Signe d’hospitalité et d’opulence, on se contente alors de le louer pour la journée chez l’épicier, sans le manger. Il n’est en effet que décoratif.

Sur la grande table dressée pour les fêtes, on s’aperçoit que plusieurs traditions ont perduré au Québec, comme la dinde, les atocas (canneberges) et les papillotes de Noël (Christmas crackers). Des tourtes y étaient aussi à l’honneur, symétriquement placées aux deux extrémités.

Les bourgeois de l’ère victorienne aimaient également se divertir avec une lanterne magique: l’ancêtre du projecteur de diapositives. Notre charmante guide en a d’ailleurs fait fonctionner une pour l’occasion, projetant des images des différentes représentations du Père Noël au fil des années.

La femme bourgeoise à l’ère victorienne

Les femmes bourgeoises, dont l’épouse de Sir George-Étienne Cartier, Hortense Fabre, étaient alors confinées dans un monde de conventions et de règles sociales à respecter. Elles ne pouvaient pas pratiquer certaines activités, comme le patin, déjà populaire à l’époque. Si leurs robes étaient resplendissantes, elles étaient très inconfortables et encombrantes.

Madame Cartier devait par exemple se changer de tenue près de 10 fois par jour ! Il ne s’agissait pas simplement de coquetterie, mais bien d’obligations liées à son statut de bourgeoise. La jeune épouse de Sir George-Étienne Cartier, de 15 ans sa cadette, donna naissance à trois filles. La plus jeune, au prénom inusité de Reine-Victoria, fut malheureusement emportée par l’épidémie de choléra de 1854, à peine âgée de 13 mois. Ses deux autres filles restèrent célibataires.

Des cartes de souhaits pour une bonne cause

La fin de la visite guidée ne marque pas la fin de l’expérience du temps des fêtes à vivre sur place. D’autres activités sont en effet proposées, à commencer par un atelier de confection de cartes de Noël à la main, inspirées de l’époque victorienne. On peut bien sûr en fabriquer une pour ses proches, mais c’est encore mieux de la dédier à une personne seule puisque les cartes recueillies sont remises à l’Association des popotes roulantes du Montréal métropolitain. Une très belle initiative !

Champagne et boissons chaudes

Autre activité qui clôt on ne peut mieux la visite : la dégustation de champagne, accompagnée d’une présentation historique. Du thé victorien et du Wassail, délicieuse boisson épicée à base de cidre chaud (ici faite de jus de pommes pour convenir aux enfants), sont aussi offerts, histoire de se plonger encore mieux dans les traditions de l’ère victorienne.

Finalement, avant de repartir, n’hésitez pas à jeter un œil aux expositions “Jeux de Pouvoir” portant sur les différents enjeux posés par la Confédération et “Rêver un pays, version Noël” qui invite les visiteurs à formuler leurs souhaits de fin d’année. Quel serait le vôtre ?

Joyeux Noël !

Noël victorien chez les Cartier
Lieu historique national de Sir-George-Étienne-Cartier
458, rue Notre-Dame Est

-Visites individuelles-
Du 30 novembre au 29 décembre
samedi et dimanche de 10 h à 17 h et, exceptionnellement, le 26 et le 27 décembre.
-Visites de groupes-
Du 18 novembre au 29 décembre
Du lundi au vendredi, de 10 h à 17 h

Pop ! Champagne !
Du 30 novembre au 29 décembre, tous les samedis et dimanches et, exceptionnellement, le 26 et le 27 décembre.
À 16 h en français et à 16 h 30 en anglais.

Merci à Parcs Canada de m’avoir permis de découvrir cette exposition. Toutes les opinions émises sont 100% les miennes.

Crédit photo : Une Porte Sur Deux Continents