Ce n’est pas la première fois que je vous parle de ma philosophie en voyage et au quotidien : le slow. Une volonté de ralentir et de préférer la qualité sur la quantité. Un choix également à contre-courant du “toujours plus” qu’on nous bombarde un peu partout. Dans la même lignée, j’avais envie de vous parler depuis un moment de la pression du voyage qui règne dans nos sociétés, particulièrement sur les réseaux sociaux. Une pression à mon avis bien trop encouragée et pas assez remise en question.
Le tyrannie du bonheur
En tant que blogueuse voyage et art de vivre, je partage ici avec vous depuis des années mes coups de cœur et bonnes adresses. Je prends un certain plaisir aussi depuis quelque temps à partager des photos sur Instagram, réseau que j’ai beaucoup rejeté dans ses débuts et que j’ai finalement décidé d’adopter tout en prenant du recul. Je dis prendre du recul, car je crois que c’est nécessaire de le faire par rapport à ses excès et ses dérives. Je ne vais prendre que l’exemple des voyageurs populaires du web qui partagent leurs clichés sur Instagram. Je le fais moi-même bien entendu et j’ai conscience que plusieurs cherchent simplement à inspirer leurs communautés. Mais là où ce type de pratique devenue courante pose problème, c’est qu’elle engendre une fausse croyance qu’il faut se retrouver dans des lieux paradisiaques pour être heureux.
Et pourtant non : pas besoin d’être au sommet d’une montagne entouré d’un panorama idyllique pour être heureux (même si les hashtags sous la photo hyper travaillée le disent) ! Le bonheur n’a rien à voir avec l’endroit où l’on se trouve (je ne parle pas des extrêmes bien sûr) et il n’est certainement pas le même pour tout le monde. D’ailleurs, il n’y a pas de bonheur ni de malheur à 100%. La vie n’est pas en noir ou blanc. Elle est faite de nuances avec des zones d’ombres et de lumières, en même temps. Bien sûr, on traverse tous des moments difficiles et d’autres, plus faciles, mais dans les uns comme dans les autres, il y a du positif et du négatif. Et c’est bien ça la beauté de la chose : cette imperfection.
Alors certes, je trouve que voyager est extraordinaire et j’adore ça, mais ce n’est pas l’ultime expérience à vivre. Il n’y a pas d’ultime expérience à vivre autre que celle de vivre, selon ses besoins et sa façon d’être. Et ce, peu importe ce que pensent ou disent les autres, sur Instagram comme partout !
Un décompte et des bucket list à n’en plus finir
La pression du voyage est aussi palpable dans cette comptabilisation que l’on voit partout. “J’ai visité 79 pays sur 8 continents…et je n’ai que 22 ans, impressionnant n’est-ce pas ? » Je ne le suis pas du tout. Mais certaines personnes le sont malheureusement et elles embarquent à fond dans cette compétition pour imiter leurs idoles du web. Elles voyagent même sans savoir pourquoi, souvent complètement désintéressées des lieux qu’elles visitent, cherchant juste le bon spot pour se faire prendre en photo (avec des appareils de plus en plus perfectionnés ou même des drones), histoire de cocher la destination de leur liste. Elles ne sont jamais vraiment “là”, pensant déjà au prochain moment, au prochain voyage. Leur but : visiter un maximum de sites en un minimum de temps. Pourquoi ? Parce que profiter de la vie, c’est vivre à 100 à l’heure. Vraiment ?
Dans l’art de vivre slow, on ne comptabilise pas. On voyage en prenant son temps au lieu d’accumuler les expériences rapides et en chercher tout le temps des nouvelles. On voit moins, mais on voit mieux. Less is more. Car on a tous le choix d’embarquer ou non dans cette compétition qui ne crée que de l’insatisfaction.
Respecter ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas voyager
Voyager est un choix personnel. Certaines personnes ont les moyens de le faire, d’autres ont pris les moyens pour. Pas besoin d’être riche en effet pour voyager. Plusieurs jeunes partent chaque année faire un tour du monde avec leur sac sur le dos et un budget très réduit. C’est parce qu’ils en ont envie. Et c’est très bien pour eux.
De l’autre côté, certaines personnes ne souhaitent pas voyager pour mille et une raisons qui leur appartiennent. D’autres, ne peuvent tout simplement pas, pour encore une fois mille et une raisons, parfois très tristes, comme la maladie. À en croire les citations du genre “Rester c’est exister, mais voyager c’est vivre” et autres messages envoyés autant dans la sphère professionnelle que les médias traditionnels et les réseaux sociaux, ces personnes passeraient donc à côté de leur vie si elles ne voyagent pas ? Vraiment ? On ne peut pas être heureux sans voyager ?
Voyager sans quitter sa ville ou son village
Et après tout, c’est quoi le voyage ? Avons-nous besoin d’aller à l’autre bout de la planète pour nous évader et nous ouvrir à d’autres cultures ? Cet été, je n’ai pas cédé à la pression du voyage. J’ai choisi de rester au Québec et d’explorer les alentours de la région de Montréal où j’habite. C’est mon choix ! Je ne me suis jamais autant régalée qu’en me perdant dans les rues de ma propre ville, en découvrant de nouveaux quartiers, en admirant tout plein de détails que je n’avais jamais vus auparavant. Voyager, on peut aussi le faire de chez soi, devant un bon film ou un bon bouquin, en écoutant une musique inspirante ou en contemplant une œuvre artistique. Voyager, c’est avant tout se connecter au moment présent et ça, on peut le faire n’importe où.
Et voyager n’est pas une finalité en soi. D’ailleurs rien ne l’est. L’important c’est de le faire pour les bonnes raisons. Je sais pour ma part que je ne souhaite pas participer à cette escalade sans fin qui ne mène vers rien de bon !
Et vous, ressentez-vous aussi cette pression du voyage ? Vous en pensez quoi ?
Crédit photo : Image libre de droits
Je suis entièrement d’accord avec toi, c’est vrai que c’est tentant en visitant un lieu de vouloir aller voir ce qui se cache à côté et d’en faire toujours plus… Pourtant je suis de plus en plus attirée par un voyage plus calme également.
Côté instagram, tu as raison de prendre du recul, j’avoue que cette frénésie du voyage et du “toujours plus” commence à me peser. Quand on voit la foule qu’il y a aujourd’hui aux Cinque Terre ou les photos que l’on voit en des milliers d’exemplaires…
Bon en attendant, je file découvrir ma ville ! 😉
Heureuse de voir que mon billet trouve un écho chez toi 🙂 Oui, certains lieux ont complètement été dénaturés à cause du tourisme de masse. Ça ne doit pas être évident pour les habitants de ces coins prisés !
Coucou !
Je suis comme toi. J’adore voyager mais je ne suis pas du genre à me mettre la pression pour le faire. Par exemple, cela fait presque 3 ans que je n’ai pas quitté le territoire français (soit depuis que je suis revenue de mon expat aux USA) et même si le voyage en lui même me manque (le fait de découvrir de nouveaux modes de vie, de nouvelles cultures etc) je sais qu’il y a un temps pour tout.
Je suis contre toutes ces photos trop léchées que l’on voit sur Insta et qui font croire (notamment aux plus jeunes) que voyager est facile et que si tu n’as pas fait 236 pays avant tes 25 ans tu as raté ta vie.
Non, comme tu le dis si bien, il y a aussi des façon différentes de voyager près de chez soi ou par la pensée !
Des bisous
Audrey
https://pausecafeavecaudrey.fr
La pression nous fait souvent faire des choses qui vont à l’encontre de ces besoins. L’important est de se recentrer et d’y aller avec ce qui nous fait vraiment du bien, pas pour suivre des modes et tendances. Bisous ♥
Je partage largement ton point de vue… Déjà parce que pour moi, le voyage commence au bout de la rue. Nul besoin d’aller loin : c’est plutôt un état d’esprit, une envie de découverte… Je pars 2 fois par an dans ma famille en Bretagne, j’y refais souvent les mêmes promenades et pourtant j’y découvre de nouvelles choses à chaque fois, parce que mon regard est différent à chaque fois. Et je découvre aussi de nouveaux endroits, à quelques km seulement de là où j’ai grandi : cela a le don de m’émerveiller !
Ensuite, je n’aime pas cette course au “nombre” (de pays, de villes, de lieux… ). J’aime prendre mon temps. J’aime l’idée de profiter de ce que je vois et je fais le choix de ne pas tout voir. Et je me dis que je pourrais toujours revenir voir le reste à une autre occasion (et que si je ne reviens pas, ce n’est pas grave puisque j’aurai profité de ce que j’ai vu/fait quand j’y étais).
Merci pour ton témoignage. Tu as tout résumé en disant que le voyage commence au bout de la rue. S’avoir s’émerveiller au quotidien est possible sans partir très loin.
Un beau billet frappé du bon sens ! Merci Nathalie 🙂 Voyager est pour moi une passion mais je n’ai pu le faire qu’assez tard : le travail, les parents, l’enfant , le chien …et le nerf de la guerre : les sous ! 😀 Voyager est pour moi un enrichissement personnel mais je suis contre la boulimie et la précipitation : j’ai besoin de m’imprégner et de réfléchir ! J’aime aussi partir à la découverte de mon environnement proche ! Pour ta part j’ai pu voir que tu y as trouvé des pépites ! Passe un bon week end Nathalie Bisous
Merci à toi 🙂 Tu as bien raison de dire “boulimie” et “précipitation”. C’est ce que je ressens et constate souvent. Belle semaine ma chère Paulette ♥ Bisous
Carrément d’accord avec toi. de plus, je me méfie beaucoup des réseaux sociaux, je pense que c’est très facile de se fabriquer une vie irréel.
C’est vrai ! Bien dommage, tout ça à cause de la pression, la comparaison, la compétition…
Bien sûr, il existe une pression sociale, il faut avoir vu et il faut avoir fait ! Le partage sur Insta est souvent est souvent un cliché dans tous les sens du terme.
Nous, c’est la curiosité qui nous “entraîne” aux voyages, il y a tant de pays que nous n’avons pas visités et que nous ne visiterons jamais. Il y a un ou deux projets que nous aimerions réaliser, parce que nous sommes conscientes qu’à un certain âge, nous ne ferons plus ! L’une de nous deux était partie en Iran l’an dernier, elle a bien fait parce que la situation est un peu critique cette année.
Lorsque nous voyons ces voyages où en quelques jours on fait le tour de trois ou même quatre pays, nous ne comprenons pas. Il n’y pas un moment pour voir la ‘vraie vie’, un marché, un café.
Vos photos de chez vous prouvent bien que l’on peut choisir la formule “rester à la découverte de sa région”
Profitez bien
Moi non plus je ne comprends pas trop l’intérêt de ces voyages où l’on ne fait que survoler des pays. Je crois que le problème est dans le manque de temps et ensuite de la rentabilisation au max de ce temps qu’il reste. Des modes de vie à revoir, c’est certain ! Merci, l’été est bien court ici, donc oui, j’en profite comme je peux 🙂 Belle semaine à vous ♥
Merci !
Merci à vous 🙂 Heureuse que ce billet ait pu vous rejoindre.
Dire que je ne connais ni St Malo, ni le Mont Saint Michel, ni le Mont Blanc, alors que les gens viennent du monde entier… c’est sur qu’on peut voyager en restant dans sa ville!!!! et découvrir mille merveilles et mille personnes!
Oh oui ! 🙂
je suis bien d’accord avec toi. Je me rends régulièrement en Malaisie parce que ma belle-famille habite là-bas mais je suis bien loin d’avoir fait le tour de ce pays ! J’aime retourner aux mêmes endroits pour les voir sous un autre angle. Je vois beaucoup de touristes qui visitent des lieux magnifiques au pas de course sans rien y comprendre. Une fois qu’ils ont publié leurs selfies sur Instagram, ils passent à la suite. Je ne comprends pas cette façon de voyager…Et rien ne me plaît plus que de redécouvrir ma chère Bretagne ! Bisous !
C’est comme quand on prend la peine de gravir une tour et qu’ensuite on admire le panorama. Je vois plein de touristes qui aussitôt arrivés en haut, ne cherchent qu’à redescendre. Ils ne sont pas dans le moment présent et attendent toujours le suivant. Bisous
Tellement d’accord avec toi ! Cet été, je suis partie de Brest et rentrée chez moi à vélo … trois semaines de lenteur à découvrir la Bretagne, puis la Vendée … et à redécouvrir ma région. C’était génial. J’ai commencé à publier sur IG puis j’ai tout arrêté : trop contraignant et trop consommateur de Wifi et de batterie. Je le fais en différé, pour garder en story des images notre périple consultables n’importe où et c’est comme si je voyageais une seconde fois ! Bises
Je publie aussi rarement au fur et à mesure. Je veux profiter du lieu où je me trouve. Tu as eu bien raison de faire ainsi. Très beau voyage d’ailleurs, c’est un plaisir de te suivre et même en différé ! Bisous