On prend parfois des chemins détournés pour arriver à bon port. On croit se ralentir, retarder l’arrivée, mais c’est dans ces moments que l’on vit des expériences marquantes et inattendues. C’est ce qui m’est arrivé ce printemps quand j’ai voulu me rendre dans le Jura depuis Genève.

Prendre le train, c’est aussi faire face aux imprévus. Il peut toujours y avoir un retard ou une annulation. Ce fut le cas pour mon train, tout bonnement annulé ce matin-là. Découragée, je me rends à un guichet pour voir quel autre itinéraire je pourrais emprunter. Heureusement, j’ai le pass Eurail, et donc, toute la flexibilité possible. Un employé très aimable me rassure et regarde rapidement sur son ordinateur pour calculer le meilleur circuit alternatif. Il ne sera pas de tout repos : 5 trains à prendre, plus de 4 heures de trajet et des changements très brefs entre chacun.

Genève à Berne

« C’est bien, vous allez voir du pays », me lance le contrôleur du premier train liant Genève à Berne après avoir jeté un œil à mon indicateur d’horaire. Il ne fait pas beau, mais au fond de moi, je suis loin d’être triste de ce changement de plan. L’inquiétude du départ a laissé la place à l’enthousiasme de la découverte. En plus, pourquoi me plaindre, le wagon première classe de cet InterRegio est hyper confortable et la vue, malgré la pluie, est belle.

Berne à Bienne

Arrivée à Berne, je change de train pour un RegioExpress impeccable. Très aéré, le wagon est pratiquement vide. Pas de stress pour trouver une place ni de perte de temps avec des arrêts à chaque station puisqu’il se dirige directement à Bienne.

Bienne à Delémont

De Bienne, j’embarque ensuite dans un InterCity-pendulaire en direction de Basel. Décidément, les trains suisses sont efficaces, propres et confortables. Je trouve toujours un espace où caser mes bagages et le wagon première classe n’est jamais bondé. Parfait pour se relâcher !

Delémont à Glovelier

5 minutes pour changer de train et de voie, mais heureusement, tout est clairement indiqué à la gare de Delémont. Pas tellement plus de temps une fois à bord : 12 minutes seulement de trajet. Comme le wagon est une fois de plus calme et spacieux, inutile de ranger les bagages pour se tenir prêt à débarquer. Le prochain changement ne me laissera que 3 minutes !

Glovelier aux Emibois

Me voilà enfin dans mon dernier train avant d’arriver à destination. Je ne le réalise pas tout de suite, mais je me trouve à bord du fameux train des Franches-Montagnes auquel Claude Schauli a même consacré un documentaire intitulé “Les 4 saisons du petit train rouge”. Son bien connu conducteur, Olivier Luder, vient nous parler pendant une pause, nous indiquant de ne pas oublier de presser le bouton (les arrêts sont sur demande). J’ignore à ce moment qui il est, le reconnaissant par la suite sur une photo grâce à son sourire mémorable et sa moustache en arbalète. Les magnifiques paysages jurassiens défilent sous mes yeux. Je me sens loin de tout et ça fait du bien. Ce fut un long chemin pour arriver jusque-là, mais je ne me suis pas ennuyée une seconde, presque triste quand je dois descendre de ce dernier train, sûrement mon préféré.

Comme quoi une mauvaise nouvelle peut se transformer en une heureuse expérience. On ne peut pas tout calculer dans un voyage et les imprévus nous aident à sortir de notre zone de confort pour vivre des moments exaltants. Le contrôleur n’avait pas tort. En quelques heures, j’en ai vu du pays, testant par la même occasion divers trains suisses, aussi agréables les uns que les autres  !

Crédit photo : Une Porte Sur Deux Continents

*J’ai reçu une pass Eurail gracieusement afin de pouvoir la tester et livrer ici mes impressions.