Depuis plus de 20 ans, je suis confrontée aux différences culturelles entre le Québec et la France. Mon mari étant Français, j’ai dû souvent expliquer autour de moi comment nous les Québécois vivons et quelles sont nos habitudes culturelles. J’entends et je lis toutes sortes de commentaires qui me font réagir, qu’ils viennent de Québécois ou de Français. Certains ont une part de vérité, mais plusieurs sont surtout le reflet de nombreuses idées reçues. Je me suis donc amusée à démystifier certains clichés sur le Québec vu par la France, histoire d’en finir avec tous ces lieux communs.
Les clichés ont quelque chose de rassurant pour le mental humain. C’est une façon de simplifier la réalité pour mieux la comprendre. Du coup, on a tendance à mettre les autres dans des cases, à associer des peuples à des comportements. On a une expérience dans un pays et on en fait une règle générale. On fait une observation et on l’étend à tous. Puis plus on en parle, plus elle se propage et se perpétue. Parfois amusantes, ces idées reçues participent malheureusement à créer de fausses perceptions. Alors, de temps en temps, c’est bon de mettre les pendules à l’heure…
1. Le tutoiement est roi au Québec
En France, le vouvoiement est de mise dès lors que l’on rencontre un inconnu ou un individu en position d’autorité. Il faut avoir tisser certains liens avec une personne avant de se permettre de la tutoyer. Si les Français sont surpris lorsqu’on les tutoie au Québec, il ne faudrait pas croire qu’il s’agit d’une pratique nécessairement généralisée. Le vouvoiement existe également au Québec et demeure une marque de respect surtout envers les aînés. Tous les Québécois ne se tutoient pas d’emblée et s’ils le font, il ne faut pas y voir autre chose qu’une volonté d’un contact plus direct. En somme, le tutoiement existe davantage au Québec qu’en France, mais il n’est pas non plus le seul réflexe de l’ensemble des Québécois.
2. Les Québécois s’alimentent mal
Dans les clichés les plus courants sur le Québec vu de la France, celui de l’alimentation revient très souvent sur la table (c’est le cas de le dire). Combien de fois ai-je entendu des Français vivant au Québec ou simplement en voyage qui se plaignant de ne pas trouver d’aussi bons produits alimentaires que dans leur pays ? Ils disent qu’on ajoute du sucre dans tout et qu’il n’y a que des fast-foods au Québec. C’est bien mal connaitre la scène culinaire québécoise ou peut-être volontairement vouloir se convaincre qu’elle est moins raffinée. La France est certes le pays de la gastronomie, mais les choses ont bien changé au Québec ces dernières décennies. A titre d’exemple, s’il y a 50 ans, on ne trouvait que du Cheddar ou du Cheez Whiz (pour caricaturer) comme options fromagères au Québec, il existe aujourd’hui des centaines de variétés de fromages dans la Belle Province qui n’ont rien à envier à celles de la France.
Oui, les aliments aux calories vides sont bien présents sur les tablettes des supermarchés québécois, mais c’est la même réalité ailleurs. Et personne n’est obligé de les manger, surtout avec l’impressionnant choix de produits locaux de qualité que l’on trouve partout. Pas besoin d’aller sur une ferme ou dans un marché pour en trouver. N’importe quelle recette française peut être reproduite avec des aliments québécois. Mais quand on se trouve dans un autre pays, l’idée est de s’adapter à ses habitudes et non à reproduire les siennes. Alors au lieu de regarder les rares aliments que l’on ne trouve pas au Québec, ceux qui sont à des prix exorbitants (comme il s’agit d’une importation) ou qui ne seraient pas aussi bons qu’en France, pourquoi ne pas plutôt miser sur ceux qui sont justement uniques à la Belle Province ?
3. L’accent québécois est incompréhensible
Ah ! L’accent québécois… Il a fait couler beaucoup d’encre. Source de moqueries pour certains, charmant pour d’autres, il a été souvent imité en de vaines tentatives. Oui, l’accent québécois, le joual et les expressions bien trempées existent bel et bien. Mais il s’agit d’une caricature. Déjà, il n’en n’existe pas un seul, chaque région ayant ses particularités. Puis, tous les Québécois n’ont pas un accent prononcé. Bien souvent, surtout en région métropolitaine, les Québécois parlent plutôt un français international. Ce n’est bien sûr pas un accent pointu parisien, mais c’est loin d’être le stéréotype que l’on présente notamment dans plusieurs fictions.
4. Les Québécois parlent avec beaucoup d’anglicismes
Ceci m’amène à mon point suivant : la langue. Force est de constater qu’une partie de la nouvelle génération s’exprime en franglais au Québec, mais celle-ci est-elle vraiment représentative de la population ? Je ne crois pas. L’enjeu de la langue est réel au Québec et c’est pourquoi beaucoup d’efforts ont été mis pour la préserver. Le français est l’unique langue officielle de la province. Par exemple, l’affichage public et la publicité commerciale doivent se faire en français. Vous ne trouverez pas de « Stop » sur les arrêts (à part dans certaines municipalités anglophones), mais bien le mot « Arrêt ». Alors oui, les anglicismes sont présents au Québec dans la langue parlée, mais peut-être moins qu’en France ou la langue n’est pas aussi menacée. Au Québec on dira bien « stationnement » et non « parking », « magasinage » et non « shopping », « service au volant » et non « drive-in », etc. De vieux mots de la langue française sont aussi couramment utilisés au Québec, surprenant bien des Français : souliers, achalandé, boucane, guenilles… D’autres sont employés qu’au Québec, mais bien officiellement dans le dictionnaire : débarbouillette (gant de bain), bobettes (culotte), robineux (clochard)…
5. On ne trouve pas ça au Québec !
Parmi les autres clichés que j’ai pu observer au fil des années, le Québec vu par la France est un territoire lointain et isolé où l’on ne trouve pas tout comme dans l’Hexagone. Combien de fois me suis-je faite questionner sur des choses de base pour savoir si on les avait aussi au Québec. Parfois, c’est assez rigolo puisqu’il s’agit de produits américains et vivant juste à côté des États-Unis, c’est évident qu’on les trouve au Québec (encore plus qu’en France). Mais oui, à peu de choses près, il y a les mêmes produits au Québec ou l’équivalent. Il n’y a bien sûr pas toutes les mêmes marques, mais c’est pareil dans l’autre sens. Et c’est tout-à-fait normal, puisque le Québec n’est pas une extension de la France et a ses propres particularités.
6. L’hiver dure toute l’année
L’hiver est certes long au Québec, mais il ne dure pas toute l’année ! 4-5 mois en moyenne (je sais, c’est déjà beaucoup). Si l’on connait parfois des températures polaires, certains hivers peuvent aussi être très doux. Quoiqu’il en soit, rares sont les Québécois qui vivent dans une cabane en forêt ou encore pire dans un igloo. Cela vous fait rire ? Sachez que de tels clichés ont été diffusés encore récemment dans des reportages sérieux en France. Selon eux, les Québécois portent aussi au quotidien des chemises de bûcherons et se déplacent couramment en traineaux à chiens, croisant sur leur route des caribous et des orignaux. Mieux vaut en rire tellement cela dresse un portrait décalé des Québécois !
Voilà pour ces quelques clichés sur le Québec vu par la France, en espérant qu’ils vous ont fait sourire. Une occasion également de nuancer toutes ces idées reçues pour arrêter de les entretenir. A votre tour de partager vos clichés et de me dire si vous avez réussi à les démystifier !
Crédit photo : Romaine par moins trente (2009) © UGC Distribution
La dernière fois que je suis allée à Québec, c’était en 2008 et la question de sucre dans la nourriture m’avait troublé : la moutarde était sucré. Par contre pour les fromages, il y en avait déjà de très bon et du choix.
Oui, ça devait être de la moutarde jaune préparée de type Heinz qu’on met dans les hot-dogs. La traditionnelle moutarde forte française de type “Dijon” se trouve facilement dans n’importe qu’elle épicerie avec des marques comme Amora ou Maille.
Les clichés ont la vie dure quelle que soit la région du monde 🙂
En tous cas, j’espère bien pouvoir venir découvrir la Belle Province dans les mois à venir !
Je te le souhaite vraiment ! Normalement, la situation devrait se calmer. On croise les doigts !
Tu as bien raison de faire cette mise au point, les clichés ont la vie dure et ne font bien souvent que pointer l’ignorance de ceux qui les colportent… Je vais te laisser retourner en traineau dans ta cabane en rondins ! 😉 Bisous !
C’est bon d’en rire, mais aussi de prendre du recul. Je suis presqu’un cliché à moi-même puisque j’observe des animaux sauvages depuis mes fenêtres ! 😉 Bisous
Je rencontre le même genre de cliché par rapport aux Allemands. En plus, il y a le poids de l‘histoire …
Cela ne doit pas être facile en effet…
Bonsoir Nathalie,
Je te remercie pour ton article intéressant. Je comprends que tu soies révoltée par cette situation. Je trouve qu’un couple avec une différence de culture, c’est très bien comme toi avec ton mari, c’est ce que l’on appelle un couple international. D’ailleurs je trouve qu’un couple avec une différence de culture, s’entend mieux qu’avec un couple de la même culture. Moi même j’ai des parents internationaux car j’ai mon père espagnol et ma mère française, j’ai la double nationalité donc si un jour tu veux apprendre l’espagnol, tu peux me demander.
Concernant les langues françaises et québécois il y a des dialectes et je trouve que l’accent québécois est très joli, quand j’entends parler à la télévision Céline Dion ou Garou, j’adore. D’ailleurs j’aimerais t’entendre parler avec ton accent québécois. Comme je sais parler et écrire l’espagnol, en mars 2019, j’étais parti 15 jours en Argentine et au début les dialectes argentins m’avaient choqué car par exemple à l’aéroport les arrivées en espagnol, on dit llegadas et en argentin on dit arribos et tant d’autres.
J’avais une correspondante cubaine qui est devenue maintenant une amie que lorsqu’elle vivait à Cuba (car elle s’était échappée avec son mari en 2001 et maintenant ils vivent à Palma de Majorque), lorsqu’on s’écrivait, il y avait des mots que je ne savais pas qu’est-ce qu’elle voulait dire car par exemple voiture en espagnol on dit coche et en cubain carro qui signifie en français charrette.
A bientôt.
Bonsoir Daniel, je ne dirais quand même pas révoltée, ça m’amuse plutôt. C’est bon d’en rire justement pour prendre du recul avec la réalité. Les différences font en effet le charme et l’unicité de chaque culture.
Coucou,
Difficile d’éradiquer les clichés… Bon, moi j’aimerais bien pouvoir venir au Québec pour me faire ma propre idée mdr Où sont les caribous et les bucherons en chemise?????
Bisouuus
Tu en verras quand même quelques-uns si tu viens, je te rassure ! lol Bisous