Still Mine ou comment suivre son code

J’ai toujours pensé que les projets nous permettent de garder espoir; nous faisant avancer en s’accrochant à la vie même dans les moments difficiles. Mais passé un certain âge, plusieurs diront que ce n’est plus le temps de rêver, comme si la vie était derrière soi et que les nouveautés n’avaient plus leur place. Heureusement, il y aura toujours des personnes pour leur prouver le contraire, comme Craig Morrison dont l’histoire a été adaptée au cinéma.

À 87 ans, ce fermier du Nouveau-Brunswick a décidé de construire une maison sur ses terres alors que la sienne tombait en décrépitude. Il voulait aussi que cette nouvelle demeure soit plus confortable pour sa femme, diminuée par la vieillesse et l’Alzheimer. Pendant trois ans, il s’est battu contre les autorités de la province qui ne voyait pas d’un bon œil ce projet, trouvant des failles sur un aspect ou un autre de la construction. Pourtant, Craig Morrison n’avait pas de leçons à recevoir de personne, bâtissant sa maison comme il l’avait appris de son père, allant couper lui-même le bois en forêt en s’assurant de la solidité de toutes les structures. L’administration s’est malgré tout acharnée contre cet homme qui devait aussi s’occuper de son épouse, restant fort, courageux et persévérant sans jamais demander de l’aide.

Récemment transposée en film, cette belle histoire m’a beaucoup touchée. Sans tomber dans le pathos avec un juste équilibre entre l’émotion et la sobriété, Still Mine met en scène tous les déboires de Craig Morrison et sa femme Irene. Ce couple uni est attachant; l’un prenant soin de l’autre, toujours amoureux, fragile et insubmersible à la fois. On croit à leur complicité et leur histoire. Après avoir joué une pléiade de rôles au fil des années, le versatile James Cromwell sait encore nous surprendre. On oublie les personnages précédents qu’il a interprétés pour le découvrir cette fois en fermier intrépide qui n’a pas dit son dernier mot. Et que dire de Geneviève Bujold, bouleversante et toujours aussi mignonne malgré ses rides et ses cheveux gris.

Réalisé par Michael McGowan qui nous avait déjà donné One Week, Still Mine s’inscrit un peu dans la même lignée. Il nous fait réfléchir aux choses importantes dans nos vies, au temps qui passe et à la flamme en nous qui ne doit pas se laisser éteindre devant l’adversité. Un très beau film.

Crédit photos: Samuel Goldwyn Films